La plus illustre représentante française en MMA a remporté samedi son quatrièmecombat dans la prestigieuse ligue UFC, par décision unanime, face à Jennifer Maia, 4e mondiale. Une nouvelle étape dans l'ascension de cette combattante hors pair, qui a roulé sa bosse en Afrique du Sud et aux Émirats arabes unis avant d'avoir sa chance dans la plus prestigieuse ligue d'arts martiaux mixtes.
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Manon Fiorot préfère les victoires par K.-O. Mais samedi26mars, elle a du aller au bout des trois rounds pour l'emporter face à la Brésilienne Jennifer Maiaà l'occasion deson quatrième combat à l'UFC, la plus prestigieuse ligued'arts martiaux mixtes (MMA)au monde.
À la Nationwide Arena de Columbus, dans l'Ohio, la Française a dominé la numéro 4 mondiale sans trembler, signant son quatrième succès en autant de combats chez les poids mouches, pardécision unanime (30-27, 30-27, 30-27).Une victoire qui lui permet de faire un bond au classement et surtout de prétendre à un combat pour le titre dans un avenir proche. Cela passera probablement par un combat face à l'AméricaineKatlyn Chookagian, avant de pouvoir défier la Péruvienne Valentina Shevchenko, détentrice de la ceinture depuis 2018.
🔥 VICTOIRE par décision unanime. Pour son combat le plus dur à l'UFC jusqu'ici, Manon Fiorot s'impose au bout des trois rounds. Même si Maia a été une belle adversaire, @ManonFiorot_MMA a remporté les trois reprises. pic.twitter.com/tFro4ZADuN
— RMC Sport Combat (@RMCSportCombat) March 26, 2022
La Française de 31ans est une touche-à-tout du sport. Ses premièresamours ont été le karaté,qu'elle acommencéà l'âge de 7ans,puis le snowboard, qu'elle pratique dans une filière sport-études. Une discipline dont elle devient mêmechampionne de France avantde revenir sur le tatami. Là encore, elle enchaîne les performancesetrejoint l'équipe de France. Mais une grave blessure aux ligaments croiséslafait encore changer de voie.
Karaté,kick-boxing,muay-thaï, MMA…
"J'en avais marre du karaté. Dans ma salle, il y avait aussi des cours de kick-boxing. J'ai débuté et j'ai commencé les compétitions. Résultat: 15 combats et 15 victoires", se souvient-elle, interrogée par France24. Elle se tourne aussi vers lemuay-thaï. Dans cette discipline, elledécrocheà deux reprises le titre de championne de France,avec douze victoires en autant de combats.
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Elle s'intéresse alors au MMA et entre dans la cage. L'apprentissage de l'octogone est difficilelors deson premier combat au championnat amateur de Las Vegas de 2016."Ma toute première compétition se passe mal car je perds au premier tour. La fille m'emmène au sol et à la lutte. Je n'étais pas prête à cet aspect", relate-t-elle six ans après.
Mais la jeune femme n'est pas du genre à abandonner. Alors que jusqu'ici, elle s'entraînait de manière désordonnée–individuellement dans chaque discipline–,elle rejoint un club de MMA, la Boxing Squad de Nice. Les entraîneurs l'aident à hausser son niveau. Un an après, elle prend sa revanche et devient championne du monde amateur.
Latéléréalité pour devenir pro
Elle envisage alors de passer pro. Son entraîneur lui présente une opportunité pour le moins originale:participer àuneémission detéléréalité sud-africaine dont lagagnanteremporte un contrat pro dans l'Extreme Fighting Championship, la principale ligue de MMAd'Afrique.
"On savait qu'il y avait une passerelle vers l'UFC. Tous les champions de ce circuit ont eu leur chance. L'expérience était cependant assez difficile. Mon manager avait un peu menti sur mon aisance en anglais et mon poids",confieManon Fiorot.
Son entraîneur s'attèle à calmer les producteurs en les enjoignantd'attendre le premier combat. Àraison, car lamagie opère. "Je gagne mon combat par K.-O. C'était le premier de l'émission et les autres combats avaient été assez ennuyeux", raconteManon Fiorot. Ensuite, elle trace son chemin, remporte aisément l'émission et se voit offrir l'opportunité dese battrepour la ceinture face à Amanda Lino, la championne, en décembre2019.
"Elle était chez elle. Il y avait une grosse pression. C'était un énorme staderempli, acquis à sa cause. Elle était invaincue et c'était mon premier combat en format 5x5minutes", se souvient Manon Fiorot. "Pourtant, j'ai l'impression de survoler le combat. Je prends énormément de plaisir. Je ne perds aucun échange. À la fin, il n'y a pas de K.-O. mais la décision est unanime en ma faveur."
Alorsque Manon Fiorotdoitdéfendre sa ceinture, le Covid-19 frappe la planète et metà l'arrêtle sportà l'arrêt. Tout le sport? Non. L'UAE Warriors, la ligue des Émiratsarabesunis, continue. L'entraîneur dela Françaisel'encourage à changer de crèmerie pour continuer son ascension. Elle y remporte trois combats, dont la ceinture des poids mouches en novembre2020. Elle devient la première détentrice de la ceinture féminine– quin'existait pas auparavant.
"J'avais donc deux ceintures. On savait que l'UFC allait m'inviter. Mon entraîneur m'a alors dit 'tiens-toi prête', car souvent ça marche ainsi. On remplace au pied levé un absent sur un combat", explique la combattante.
Une bête en cage
Son passé multisports constitue un de ses atouts pour sa carrière de combattante.Manon Fiorotdit avoir gardé le meilleur de chaque discipline. Du karaté,elleaconservéun jeu de jambes impeccable, tout en vitesse et en puissance,ainsi quel'approche stratégique de cet art martial: savoir toucher sans être touchée.
"J'ai gardé le timing et la vitesse du karaté. Au début, ça a quand même été assez compliqué. Car avec la lutte, on ne peut pas avoir la même distancequ'aukaraté", explique-t-elle. "J'ai beaucoup travaillé sur la boxe anglaise, le fait de combattre de manière plus rapprochée. Mon entraîneur m'a fait progresser là-dessus ainsi que surla lutte."
Même son interludeensnowboard lui est utile. Dans Ouest-France, elle expliqueainsique la discipline lui a enseigné une certaine créativité, quilui permetencore aujourd'huide surprendre ses adversaires.
Des éléments qui ont forgé son style de combat:elle est une spécialiste du pieds-poings. Une "striker", pour reprendre le jargon des arts martiaux mixtes,même si elle travaille énormément le "grappling", l'aspect lutte de la discipline, pour ne rien négliger. Son style agressif lui vaut un surnom impressionnant dans le circuit: "The Beast"–"labête" dans la langue de Molière.
"J'ai fait pas mal de camps à l'étranger. Et souvent, onmedisait "She is a beast"["C'est une bête"]! C'est resté. J'ai tendance à être très agressive et à finir mes combats, ce qui est assez rare en MMA féminin",souligne-t-elle.
Finalement, quelques mois après sa victoire aux Émirats arabes unis, en janvier2021,l'UFC l'appelle.Face à Victoria Leonardo, ellegagnepar K.-O., devenant la premièreFrançaise à remporter un combat dans la prestigieuse ligue. Le 6juin2021, pour son deuxième combat, ManonFiorots'impose facilement à Las Vegas face à la Brésilienne Tabatha, également par K.-O.
Le Covid-19 ne la met pas K.-O.
Le troisième combat est plusdifficile. Pas tantà causede la stature de son adversairequ'en raison descirconstances : Manon Fiorot contracte le Covid-19juste avant le combat. L'affrontement est décalé.
"Le Covid a compliqué ma préparation. Après la semaine d'isolement, j'aieuune semaine très intense alors que normalement, tu es censé simplement t'affûter avant un combat",expliquela combattante de MMA. "Avec la fatigue, le match a été très compliqué."
La victoire est malgré tout au rendez-vous.Manon Fiorottriomphedela BrésilienneMayra Bueno Silva sur décision unanime.Pas de K-.O. cette fois, mais elle montedirectement à la 14eplace de sa catégorieà l'UFC.
La rencontre suivantedoit lui ouvrir les portes du top10.La Françaiseavait initialement rendez-vous avec Jessica Eye le 6mars, maisl'Américainese blesse à l'œil.L'UFC lui offre alors une chanceencore plus belle, uncombat contre une adversaire du top 5: Jennifer Maia.
Mission réussie donc, avec la victoire de ce samedi, qui devraitaccélérerson chemin versun combatpour le titre.
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